Le fournisseur agricole français Sofruce a retiré de son site web des indications territoriales et des références à des certificats erronées, suite à un examen minutieux.
Plus tôt cette semaine, Western Sahara Resource Watch (WSRW) a signalé que le groupe de distribution français Anima, par le biais de sa filiale Sofruce, vendait des tomates cerises avec un étiquetage d’origine très problématique.
Sofruce commercialisait des tomates cerises provenant du Sahara Occidental occupé comme étant originaires de « Dakhla-Oued Eddahab » – une région administrative marocaine créée par Rabat sur des terres occupées après son annexion en 1975. En rayon, les produits Sofruce étaient présentés comme provenant du « Maroc », alors que les tomates provenaient d’exploitations agricoles situées au Sahara Occidental, et non au Maroc.
L’approche de la Commission Européenne concernant le commerce agricole en provenance du territoire occupé est salement controversée. Ses tentatives d’élaborer des pratiques d’étiquetage alternatives visant à aligner la réglementation européenne sur l’occupation injustifiée du Maroc ont semé la confusion chez les distributeurs européens. Bien que le nouveau système d'étiquetage de l'UE ne soit pas encore entré en vigueur, le groupe Anima a déjà modifié ses pratiques en conséquence, se retrouvant ainsi en situation de non-conformité avec les règles de commercialisation européennes actuelles.
Si les entreprises européennes souhaitent continuer à soutenir l'occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc en s'approvisionnant auprès du secteur agricole marocain sur le territoire – et en ignorant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui –, elles sont confrontées à un dilemme :

Si elles se conforment aux normes proposées par la Commission, en attribuant aux produits une appellation régionale marocaine, elles risquent d'enfreindre la jurisprudence de la CJUE, qui exige que les produits soient étiquetés « Sahara Occidental », ce territoire étant « séparé et distinct » du Maroc. Si elles suivent les arrêts de la CJUE, en désignant le territoire comme provenant du « Sahara Occidental », elles pourraient enfreindre les règles de commercialisation de la Commission, juridiquement contestables.
Dans tous les cas, les normes d'étiquetage des régions administratives marocaines proposées ne sont pas encore entrées en vigueur. Autrement dit, Sofruce ne respecte pas aujourd'hui les exigences d'étiquetage en vigueur.
Entre-temps, Anima a au moins mis de l'ordre dans son site web. Le 12 novembre, WSRW a écrit au groupe Anima pour l'interroger sur ses pratiques d'approvisionnement. Cette lettre est restée sans réponse.
Les erreurs figurant sur les certificats et la base de données GLOBALG.A.P. n'ont pas encore été corrigées, ce qui laisse supposer que les producteurs certifiés se trouvent au Maroc.
WSRW s'est également renseigné sur les références du Groupe Anima à la norme de sécurité alimentaire BRCGS. Le Groupe Anima affichait trois mentions de certification BRCGS sur son site web. WSRW n'a pas réussi à localiser les fournisseurs ou filiales d'Anima dans le registre des organismes certifiés BRCGS. Immédiatement après réception des courriers de WSRW, Anima a supprimé toute référence à BRCGS des articles relatifs à ses filiales Saint Charles Primeur et Philafrance. Le logo BRCGS figure toujours à un endroit sur le site web de la société, mais il n’a pas été possible de le vérifier dans l’annuaire BRCGS.
Selon son site internet, Anima Group commercialise annuellement 128 000 tonnes de fruits et légumes frais, stockés sur 25 000 mètres carrés d'entrepôts, et réalise un chiffre d'affaires de 205 millions d'euros.
Sofruce a publié sur LinkedIn (ou télécharger) en 2023, des informations concernant sa commercialisation par BD Trading à « Dakhla, Maroc ».
Mise à jour du 24/11/2025 : Voici à quoi ressemble le site web de Sofruce, filiale d’Anima, au 24 novembre 2025 : « Nos Fermes » (pdf et image),(pdf et image), « Notre Expertise » (pdf et image)

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